Mathilde Warnier a fait le buzz, comme elle le dit elle-même, en se fritant avec Nicolas Bedos dans l’émission Au Fied de la Nuit du 14 novembre dernier. Celui-ci était si grossier que son rustre de père aurait fait l’effet un enfant de chœur.
Inflation à l’injure et au langage ordurier devant ce minois impassible de la génération des « casse-toi, bouffon » où le mot bouffon n’est qu’affection pour la personne en face. On peut dire qu’ici, la jeune demoiselle a eu sa dose de gentillesse pour plusieurs années. Jamais plus elle ne trouvera un galant aussi distingué pour lui faire une cour aussi romantique.
Il s’agissait simplement d’un jeu, a dit la belle au sourire angélique sur le plateau de C à vous sur France 5. Je voudrais bien la croire, sauf tout de même que je suis resté sur ma faim en terme de communication. Entre la bordée de jurons de Nicolas Bedos et la gentillesse débordante de la damoiselle qui, en quelques mots qu’elle a réussi à placer, n’a dit à l’intéressé qu’il ne l’intéressait pas. Et lui de faire son intéressant… elle un peu aussi : un petit télé-événement qui a fait le tour de la planète Internet en moins de 24 heures, c’est pas de refus.
Tout cela pose la question de ce que véhicule la télévision, même chez Field, l’intello de proximité de service. Il est loin le temps des émissions de Michel Polak où les protagonistes s’empoignaient pour des idées dans l’atmosphère enfumée du plateau. Ici même pas, la dispute de récréation s’est faite sur un « c’est pas moi, c’est toi » du plus bel effet. Et on pourrait presque se surprendre à trouver du charme à ce remake de La Belle et la Bête.
D’autres animaux exotiques ont peuplé les plateaux. Le plus délicieux était Serge Gainsbourg, dont la désinvolture classieuse était empreinte de toute la poésie de ses chansons et de ses mélodies. Nous n’avons plus la chance d’avoir ce mauvais goût d’un goût exquis dans le petit écran de 2011. Il faut du direct, du punch et du gore, à la portée de tout le monde, si possible à une heure de grande écoute, ou du moins d’affluence raisonnable.
Revenons à la sauvageonne qui m’inspire ici ces quelques mots. Elle attire l’attention et la sympathie par l’intelligence supposée qu’elle véhicule derrière son mystère. Attention, je n’ai pas dit qu’elle n’a rien dans la tête, je ne prends de recul que sur ce qu’elle a bien voulu avancer ! Si on y réfléchit bien, derrière le culot on peut y mettre tout et n’importe quoi : du charme, de la vivacité d’esprit, de l’analyse prospective et on en passe. Heureusement que ce culot n’est à produire que pendant une blitz-émission. Cela nous permet de changer de registre chaque jour, en appuyant sur la zapette, en évitant la monotonie envahissante qui ne cesse de roder dans les chaumières.
En revoyant l’extrait de la deuxième émission du 16 novembre sur France 5 (C à vous), de ce bébé humain chancelant, mignon et sympathique, qu’on a envie de revoir tant il apporte de fraîcheur, un peu comme la pub pour la crème épaisse ou le fromage à tartiner, on se demande ce qu’ont les producteurs derrière la tête. L’audience ou la sincérité d’une amitié de longue date débutée la veille au soir ?
Le pire, et c’est mieux ainsi, est que tout cela s’est passé dans des émissions de standing plutôt au-dessus de la moyenne, à la coloration allergique au n’importe quoi. En relisant cette dernière phrase, je me rends compte que le charme dégagé par Mathilde Warnier vient autant de la qualité de l’animateur que de sa propre prestation. Toujours est-il que le hasard, s’il en est un, fait parfois bien les choses en nous présentant des météorites aussi scintillantes. Et la France tombe parfois amoureux d’une jolie ingénue comme Mathilde. Il y a une raison que le cœur reconnaît : l’authenticité !