Le 4 septembre prochain, retour sur les bancs de l’école. La France entière se remet à l’heure de l’apprentissage forcé (forcené?). Les enfants, bien sûr et leurs enseignants, mais aussi la tante qui n’a pas eu de progéniture et les grands parents qui ont six petits fils et/ou trois petites filles, les politiques qui rentrent de vacances et doivent reprendre l’avantage, les commerçants qui pensent déjà à Noël… il y en a bien d’autres, puisque le pays va vivre au rythme de la rentrée des classes. Les médias nous inondent de reportages sur le coût des fournitures, sur les expériences pédagogiques originales ou sur la petite école de village qui n’ouvrira pas ses portes en septembre. J’ai envie de vous donner quelques pistes afin de vivre enfin pleinement cet événement récurent, angoissant et excitant.
Bien manger le matin, bien dormir la veille
Pour être en forme le jour J, il faut se mettre en condition. Surtout aller se coucher tôt la veille et prendre un bon petit déjeuner. Seulement, ce dimanche triste et nostalgique a débouché sur une panique diffuse au moment de se brosser les dents. Et sur quels copains je vais tomber cette année, et quelles classes vais-je avoir ? Mon dernier va-t-il enfin comprendre que l’école c’est important et la plus grande avoir son bac avec mention bien ? Ma femme est moi nous sommes disputés (c’est de la fiction journalistique…) parce que… on ne savait pas trop. Les enfants se sont mis à se disputer parce que… et pour couronner le tout, Mounette la chatte a disparu après avoir mangé le hamster. La bonne résolution était : tout le monde au lit à 9 heures, 9 heures et demie dernier carat. Il est déjà 23 heures et personne n’est encore entre ses draps. 23 heures 30, un mal de ventre dans une chambre et dans une autre une envie irrépressible d’uriner. Finalement, tout le monde s’endort, bien après l’heure prévue, d’un sommeil très léger qui ne demande qu’à s’interrompre. De ce côté-là, ça ne se passe pas trop mal. Le réveil : 6 heures 30… mines de papier mâché : pourquoi tu m’as réveillée si tôt, et j’en ai marre j’arrête mes études l’année prochaine ? Maman a fait des efforts pour le petit déj’. Jus d’orange frais, brioches et chocolat chaud. Édouard préfère les céréales mais pas celles qui sont sur la table, Emma pense plus à son look de rentrée qu’à ce qu’elle devrait manger. Au final, le père qui dévore d’habitude a grignoté, la mère n’a pas touché une bouchée et les enfants juste fait de la figuration. Eh bien la première journée se déroulera comme l’an dernier, avec les moyens du bord !
Bien intégrer sa classe, donner une chance à ses profs et se réjouir des élèves qu’on a
Cette année tout va mal ! J’ai changé de classe, de copains. La fille que j’avais repérée avant les vacances rit aux bêtises du nouveau, cheveux mi-longs et teint hâlé de surfeur. Pour couronner le tout la prof de français qu’il ne faut absolument pas avoir, je l’ai. On dit que le premier regard de l’adulte vous reste toute l’année et qu’il ne changera pas son appréciation sur vous. Dans la cour, au moment de l’appel, et devant tout le monde, le directeur a féminisé mon prénom et tout le monde a bien rit. J’ai donc trébuché dans l’escalier, renversé une chaise et bousculé le beau surfeur. On m’a demandé de venir au premier rang et d’arrêter de faire mon intéressant. Je pense que mon intégration dans la classe se passe bien, et que les profs ont un regard bienveillant sur moi. Du moins je cherche à m’en convaincre. Le problème avec moi est que je n’aime pas l’école et que l’école me le rend bien. L’ambiance en cours est déjà installée, et le prof a crié deux fois en trois minutes, soupiré qu’il avait toujours des niveaux catastrophiques et qu’il était résolument impossible de travailler dans ces conditions.
Être le meilleur
Il dit non avec la tête mais il dit oui avec le cœur il dit oui à ce qu’il aime il dit non au professeur il est debout on le questionne et tous les problèmes sont posés soudain le fou rire le prend et il efface tout les chiffres et les mots les dates et les noms les phrases et les pièges et malgré les menaces du maître sous les huées des enfants prodiges avec des craies de toutes les couleurs sur le tableau noir du malheur il dessine le visage du bonheur LE CANCRE, (Jacques Prévert)Première bonne résolution des parents : bien suivre ses enfants
« Rien n’influence plus un individu que son environnement psychologique et particulièrement, dans le cas des enfants, la vie que leurs parents auraient souhaitée avoir ». Carl Gustav Jung
Deuxième bonne résolution des parents : lâcher les baskets des enfants
Cette année deuxième année de solfège, cours de judo et de piscine, visite chez tantine le samedi après-midi et rattrapage en maths parce que nullité observée. Pose d’un fil chez l’orthodontiste, de gel dans la salle de bains. Manger à l’heure et installation d’un contrôle parental sur l’ordi, on se dit bonjour en anglais et au revoir en allemand. Pendant le repas on regarde les infos en américain et le mardi soir on passe à la bibliothèque pour commencer à louer l’intégrale de Zola.
Interdit de rêver en public, de mettre ses doigts dans le nez. Obligation de saluer toutes les dames, de cirer ses chaussures, de finir son assiette. Progrès attendus en comportement en classe, avec l’espoir que les notes suivront. « Tu devrais faire comme ta petite sœur, c’est pas si difficile si elle réussit, ELLE ! »
Pense à te détendre et à souffler le plus souvent possible pour évacuer ton stress négatif et n’oublie pas ce qu’on t’a répété hier soir, pour la énième fois…
Troisième bonne résolution des parents : offrir un cadre familial optimal
– « Les enfants, maman et moi ne nous aimons plus comme avant, nous avons décidé de nous séparer. Sachez que nous vous aimons très fort et que la nouvelle situation ne changera rien à votre vie. Vous aurez deux maisons et deux chambres. Des dizaines de vos copains et copines sont déjà dans cette situation et ils ne sont pas morts. Nous voulons néanmoins votre bonheur et ferons tout pour que vous ne manquiez de rien. Vous changerez d’école à la Toussaint pour être plus près du nouvel appart de votre mère, et on se verra le weekend, une fois tous les quinze jours. Vous avez des questions ? Dépêchez-vous, vous allez être en retard pour la première journée d’école… »
Finalement tout va bien
Il y a un an, la tempête aux États-Unis d’Amérique ne faisait que 20 victimes, Khadafi courait toujours et on craint une épidémie de rougeole cet automne. Le pouvoir d’achat diminue, les impôts augmentent et l’argent de poche stagne. Décidément, personne ne nous fera croire que la rentrée scolaire est un moment privilégié de la vie. Les bons élèves se font piéger par les études, les mauvais par les retenues et au milieu, les autres s’ennuient aussi ! Un dernier conseil : pensez bien à être vous même pour garder votre honneur intact à être faux cul pour réussir dans la vie !