Antoine Kombouaré, l’entraîneur sans strass

Antoine Kombouaré est venu entraîner le PSG en 2009, compensation financière et moyens à la clé. Il n’a pas le pedigree d’un Didier Dechamps ou l’aura médiatique de certains de ses prédécesseurs. L’équipe n’a pas encore vraiment brillé, alors que fait encore ce coach au PSG ?

Kanak né à Nouméa en 1963, il est considéré comme un défenseur rugueux. Il passe d’abord comme joueur à Nantes et à Paris, où il brille en marquant deux buts de la tête qualificatifs en 1993 en coupe d’Europe. Il lui vient ainsi le surnom de casque d’or. La tête brûlée se pare d’atours gaulois.

Ensuite, devenu entraîneur, il devient champion de Ligue 2 avec Valenciennes et maintient l’équipe en Ligue 1, jusqu’à son arrivée au PSG. Et depuis, on ne peut pas dire que l’équipe ait fait des étincelles. Malgré son teint de néo-calédonien, il fait pâle figure aux commandes d’un club dont il ne maîtrise pas plus que ses prédécesseurs le mécanisme économique complexe.

Vedette malgré lui

À Valenciennes, il devient une star du banc de touche, mais il bénéficie de plusieurs atouts mis à sa disposition par la fée chance. Un joueur explose sous son règne, Savidan, et propulse l’équipe au devant de la scène médiatique. Kombouaré marque l’essai, et le transforme puisque les contacts gardés de son passage à Paris font de lui l’homme providentiel d’un PSG dans la tourmente.

L’équipe a des velléités de briller, mais ne répond pas à son statut de multimillionnaire du foot… Les stars se succèdent à coup d’euros et Kombouaré n’en peut mais…

Kombouaré doit rester au PSG

Malgré son manque de résultat, son charisme aussi éteint qu’il a la colère facile, Kombouaré doit rester au PSG pour trois raisons.

1- Premièrement, ce club mondain qui a eu les derniers hooligans d’Europe – un comble ! – doit, dans la durée, s’attacher les services d’un coaching laborieux, sans âme, sans véritable envergure mais meneur d’homme. Rester les pieds sur terre le plus longtemps possible rapprochera un jour le PSG des étoiles.

2- Deuxièmement, l’entraîneur a en France une sorte de légitimité qu’il sort de son parcours atypique. Exception canaque, comme les Réunionnais, Martiniquais ou Guadeloupéens le sont pour le sprint français, il représente encore plus que la France bleu-blanc-beur championne du monde en 1998, la diversité autour de laquelle peut se faire l’unité.

3- Enfin, il est important, puisqu’il était là avant les qataris, qu’il fasse la jonction entre le club riche d’antan et celui richissime de demain. Toujours ce lien modeste pour transcender la performance.

L’avenir d’un pays

Alors, même si je me fiche royalement du PSG, si le sort de Kombouaré m’importe aussi peu que la venue de Beckham à Paris, au point de vue des valeurs qui se perdent dans le football, que les tâcherons, les besogneux tentent leur chance… Nous en avons des exemples au plus haut sommet de l’État, mais, chut, nous tairons cette fois-ci les noms.

Dans ce dernier cas d’école, il ne s’agit plus de jouer mais de l’avenir d’un pays. L’affaire est plus grave et, à l’inverse de Kombouaré, nous pourrions penser à changer l’entraîneur de l’Élysée !

Philippe Szykulla
Philippe Szykulla
Articles: 186