Campagne présidentielle : lettre de Nicolas Sarkozy à François Hollande

Novembre 2011

Cher François,

Je profite d’un moment de solitude pour te glisser quelques mots à propos de ta candidature. Tu désires ma place à un point tel que je peux déjà sentir ton souffle sur ma nuque, et pourtant je suis plus entraîné que toi au jogging matinal. Ton programme me semble particulièrement intéressant, et je compte bien en reprendre quelques lignes. Tu me permettras simplement de les adapter quelque peu à ma vision de la France. Le point qui m’intéresse grandement concerne l’Éducation nationale. Les 60.000 postes de profs que tu veux recréer sur 5 ans, je pense les supprimer, c’est beaucoup plus facile dans ce sens, j’en ai l’expérience.

Comment est ton entourage ? Moi ça va bien.

J’ai observé avec délice la formation de ton équipe de campagne. Mis à part Moscovici qui m’amuse beaucoup, tu as passé ton temps à faire plaisir aux uns et aux autres, sans te préoccuper de deux choses : tu dois absolument avoir la main sur ta piétaille et il te faut des lieutenants représentatifs. Pardonne-moi de te dire que ces mignons ne te serviront à rien. Ils vont passer leur temps à tirer la couverture à eux, en se plaçant pour une hypothétique victoire de ta part.

En 2007, j’ai tout fait tout seul et j’ai laissé les miettes à quelques-uns. De 2007 à 2012, j’étais le seul maître à bord. Tu as vu les dissidents ? Écrabouillés ! Borloo dans les choux, Dati pouponne, Fillon est bloqué à Matignon, Juppé en déplacement permanent, Raffarin me mange dans la main, Villepin n’a pas survécu à son procès. De plus le centre est décapité, l’extrême droite s’englue dans sa succession, Mélenchon roule pour moi en t’attaquant sur ta gauche et le petit facteur est reparti sur son vélo. Quant aux Verts, ils sont dans ta pomme maintenant !

Si tu veux me battre en mai 2012, je vais te donner deux conseils :

1. Ne crois pas un traître mot à ce que tu dis, le peuple ne t’en sera que plus dévoué

2. Ne fais pas de promesse que tu pourrais tenir

Si tu me laisses gagner, je ferais tellement de réformes dévastatrices jusqu’en 2017 que tu pourra passer le porche de l’Élysée sans combattre…

Je te souhaite une bonne campagne, François, mais tu dois convaincre tous tes amis de ne pas devenir tes ennemis. Pour moi c’est réglé, tu fais une partie du travail, et à moi le reste, c’est à dire que je demande à mes fidèles soldats de te cuisiner aux petits oignons, et je te cueille lorsque tu es à point. La différence entre la gauche et la droite, cher François, c’est le degré d’intimité avec tes proches. Une seule règle : impose le devoir et la soumission, c’est à ce prix que les gens te servent.

Nicolas.

Philippe Szykulla
Philippe Szykulla
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