En passant par ici, elle aurait pu peut-être éviter de s’inviter par là… Mais non, elle est partout, dans les discussions, dans les craintes, dans les désespoirs, dans l’avenir de peuples entiers.
Mais certains, comme les croque-morts en période d’épidémie, se frottent les mains, il font leurs affaires de la crise. Ils sont dans l’ombre, si discrets que leurs nouvelles richesses n’importunent pas. Ils préparent la société de demain, et ils seront riches et puissants lorsqu’on aura besoin d’eux. Le plus emblématique d’entre eux se nomme John Paulson qui, en 2007, a gagné beaucoup d’argent sur les subprimes. Il n’est certes pas le seul, nous les découvriront dans quelques mois, quelques années. Des pays sont aussi dans la course.
Les États
Il est, pour l’instant, deux pays qui semblent tirer les marrons du feu. La Chine, au centre de toutes les courbettes économiques, terriblement séduisante avec son matelas d’or triple épaisseur. Les chinois ont thésaurisé sur la misère de leur peuple pour mettre à genoux la terre entière. Rien ne se fera plus sans Pékin. En Europe, l’Allemagne, véritable poumon de la zone euro, assure ses arrières, prépare un lendemain dont le seul frein est l’Union : il lui faut partager pour continuer à bénéficier de son statut de géant. Les pays du Nord, très discrets, sont loin d’être à plaindre. La Norvège, en tête, avec son or noir, assure à sa population une sécurité économique sans faille.
Il ne faut pas oublier les pays du Golfe, producteurs de pétrole, qui peuvent encore spéculer sur l’énergie pendant une bonne cinquantaine d’années, tout en ayant acheté une grosse partie de la planète.
Et il y a les autres, tous les autres. Dans l’ordre décroissant, les deux puissances émergentes que sont l’Inde et le Brésil, beaucoup moins favorisés que la Chine. Viennent ensuite les anciennes gloires du colonialisme, France et Angleterre, puis les nouveaux déchus italiens et espagnols. Comment se placeront des nations comme la Russie ou le Japon ? L’une a des ressources colossales, et l’autre une technologie de pointe en avance de plusieurs décennies. À la traine, la bagatelle de 150 pays, qui regardent interloqués les plus riches se débattre dans une déchéance dont ils auraient bien fait leur ordinaire !
Les hommes et les banques
Les banques d’investissement essaient de gagner de l’argent sur les grosses tendances économiques en mettant en place des techniques du type « global-macro« , stratégie qui vise à profiter des prévisions d’évolutions macroéconomiques en investissant de manière diversifiée dans différentes références de marché. Si la manœuvre réussit, les profits seront sans aucune commune mesure avec ce qu’on a pu observer ces dernières années.
On l’a déjà vu : les banques, après leur sauvetage de 2008, ont engrangé des profits faramineux. Il n’est pas rare, comme on pouvait l’entendre dire à la BNP, que les bénéfices soient confortables (cela s’entend à la voix de l’intervenant) – mais qu’il faille envisager de licencier pour anticiper une éventuelle défaillance de la Grèce, dont les 2 milliards de prêt menacés sont déjà sécurisés par les profits actuels !!
Les bonnes opérations individuelles seront au rendez-vous. Elles sont les plus difficiles à imaginer, mais nul doute que des opportunistes sauront acheter un stock de mousse, pour en faire des matelas qui seront utilisés pour endormir l’humanité…
Et les politiques ?
Les politiques occidentaux en place comptent leur jours pour beaucoup. Qu’il n’aient rien à craindre, une fois déchus, ils pourront se mettre à compter leurs billets, Berlusconi en tête. Sarkozy, quant à lui, laissera une situation bien délicate à son successeur, s’il n’est pas réélu, chose dont il n’est pas à dire vrai le seul responsable, il faut le reconnaître, bien qu’il ait fortement incliné l’Europe à penser tout euro, et tout économique.
Il y avait probablement d’autres solutions, dont la responsabilisation des banques fautives et la mise en demeure pure et simple des États qui, ayant joué le jeu de la « subventionnite » aiguë, en ont oublié de faire fonctionner leur économie interne. Si Sarkozy repasse, il confortera son matraquage sur un bilan réussi, et donnera aux années de son deuxième quinquennat des tours de vis serrés dans le bois tendre des français crédules.
La Fontaine, dans ces vers, avait perçu la subtilité des profiteurs et des grugés. Je vous en laisse la lecture d’où nous vient l’expression des marrons tirés du feu :
Tire-moi ces marrons. Si Dieu m’avait fait naître
Propre à tirer marrons du feu,
Certes marrons verraient beau jeu.
Aussitôt fait que dit : Raton avec sa patte,
D’une manière délicate,
Ecarte un peu la cendre, et retire les doigts,
Puis les reporte à plusieurs fois ;
Tire un marron, puis deux, et puis trois en escroque.
Et cependant Bertrand les croque.
Pour mémoire, le chat Raton tire des marrons, fort habile, et le singe Bertrand les croque, plus habile encore !