J’entends le loup, le renard et le mouton

En ce moment je m’entends fredonner sans cesse ce vieux succès du folklore breton dont chacun connaît la musique…J’ai remplacé la belette par le mouton, parce que je pense à nous, gens du peuple, qui nous faisons tondre sans cesse par les canailles de la politique et les Dracula des cotations boursières.

Nulle journée ne se passe sans qu’on nous narre les innombrables magouilles commises par les crapules qui gouvernent le monde et dont la liste emplirait les pages d’un Bottin mondain.

Nulle information ne se diffuse sans qu’on évoque la débandade de nos économies, sans qu’on nous laisse constater l’incurie de nos gouvernants, leur incapacité ou leur refus à juguler le dépeçage des droits sociaux acquis par nos ancêtres.

Ne nous leurrons guère : la Troisième Guerre mondiale a commencé ! Elle ne se fait pas à coups de canon, elle ne jette pas sur le terrain des divisions de chars d’assaut, elle n’envoie pas dans le ciel des escadrilles d’avions de chasse et des vagues de bombardiers, non : elle se joue dans les salles de bourse et sur les claviers des courtiers.

Les renards de la finance américaine ont posé leurs pièges pour engluer les peuples dans la toile de leurs spéculations, les loups des plaines asiatiques guettent le moment où les moutons européens se seront suffisamment affaiblis pour se jeter sur leurs dépouilles, celles des peuples africains qui meurent de faim et celles des laissés pour compte de nos sociétés développées qui titubent dans le Désert de Pauvreté. Bientôt, même les béliers, ceux qui avaient quelques économies placées en banque, fléchiront et courberont l’échine.

Traduisons : les Etats-Unis n’ont jamais aimé ceux qui leur résistent, ils détestent l’Union Européenne qui, si elle le voulait, contrecarrerait leur impérialisme ; de leur côté les dirigeants chinois pratiquent la politique du serpent : cachés dans les hautes sphères de la finance occulte, ils placent leurs capitaux -ceux dont ils privent leurs concitoyens maintenus dans la misère- dans les économies des pays d’Europe qui s’enlisent, ils les fascinent, ils attendent le moment de les mordre et de les digérer.

Où donc plaçons-nous notre fierté, nous les Européens, quand nous acceptons que la Chine nous envahisse en rachetant les dettes de nos Etats et quand nous claquons des talons devant les patrons de Wall Street ?!

Nous, les Européens ? Comme les moutons de Panurge, nous fonçons, tête baissée, dans toutes les directions, nous nous réfugions dans les niches fiscales, les bergeries de fortune proposées par les bergers maudits qui tendent le bras pour saluer, ceux-là même dont les grands-parents approuvaient la « Grande Europe » envisagée par le Troisième Reich !

Nous, les Européens ? Nous cherchons dans les vestiges de nos anciens orgueils nationalistes les illusions d’un passé révolu lors même que seule une union politique réelle et une véritable stratégie économique globale renverraient dans les cordes tous ceux qui se gaussent de notre agitation passéiste.

Quand comprendrons-nous enfin que seule une Europe Fédérale structurée, une politique européenne axée sur l’avenir pourront nous rendre notre indépendance et assurer l’avenir de nos enfants?

Quand comprendrons-nous qu’il est temps de jeter aux orties ce capitalisme débridé, de rendre au politique la primauté sur la dictature des marchés, d’imposer aux trafiquants de capitaux une règle du jeu définie par les Peuples au nom du partage équitable des richesses ?

Quand les Peuples du monde comprendront-ils qu’il est plus que temps de ressusciter une Internationale du Travail qui impose la justice du partage et le respect de l’Etre humain ?

Sans cette révolution des cœurs et de l’intelligence, ce monde va continuer d’être une jungle dans laquelle les fauves du libéralisme continueront de traquer l’Humanité et de ne considérer les hommes que comme moutons à tondre !

Avec l’aimable autorisation de Bernard Tettelin, 14 septembre 2011

Philippe Szykulla
Philippe Szykulla
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