Et si la voix d’un candidat était plus importante qu’on ne veut bien le croire. Je parle de la voix émise au travers de la vibration des cordes vocales, et non pas de celle de son bulletin mis dans l’urne le jour du scrutin ! Le timbre et les postures qui accompagnent le discours trahissent la personnalité d’un individu. Le bon sens populaire permet à toute personne de ressentir les grandes lignes d’une personnalité, de se blottir contre un son protecteur, de le rejeter s’il ne reflète que peu de sincérité ou de force. Jean Sommer, conseiller vocal à Radio France, nous a gratifié, il y a peu, d’une étude de la voix des trois candidats potentiels du PS.  Je vais vous livrer, ci-dessous, ses conclusions concernant Martine Aubry et François Hollande, qui bien sûr n’engagent que lui. À chacun de séparer le grain de l’ivraie. Un lien direct vers son étude est proposé dans chaque extrait, en cliquant sur le nom des deux candidats.

Martine Aubry

Tout indique chez Martine Aubry un désir de mériter plus que de séduire. Sa voix n’a ni le temps, ni l’envie de nous caresser ou de nous plaire.
Les mots sont dits pour leur valeur littérale, sans plaisir particulier, sans s’y arrêter, sans s’y attacher : efficaces.
Elle ne prend pas non plus le temps de son souffle et de son corps. Le temps de sa féminité. C’est-à-dire une façon plus douce, plus ronde, une autre manière d’incarner la parole. Respirer, regarder, sourire, faire des silences. Le temps de s’aimer.
 

François Hollande

Dans la voix de François Hollande, il y a un homme chaleureux sincère et brillant. J’entends aussi une voix qui avance et trébuche en même temps ; impatiente, presque fébrile, comme adolescente ; pressée de se déclarer et inquiète de ne pas être entendue. Donc souvent hésitante et précipitée qui traduit un caractère à la fois volontaire et velléitaire.
Depuis quelques temps il semble avoir quelque peu corrigés ces défauts. La voix se pose mieux et semble plus stable. Il se « présidentialise »…

Manque de spontanéité, d’envie d’y aller pour Martine Aubry. Défaut d’assurance et légèreté insoutenable de l’être pour François Hollande. Au regard de ces deux analyses, on peut se dire que l’une a du mal à se motiver, mal qui la ronge depuis longtemps, pour une présidentielle dont elle a les mêmes réticences que son père Jacques Delors. Pour le deuxième quidam, et qu’il me pardonne ce vocabulaire trivial, sa voix trahit son vieux personnage de marionnette des guignols, mais… mais, il prend de la profondeur, il se présidentialise. Les sondages ne se trompent pas en en faisant le grand gagnant de tous les votes !

A ce petit jeu, je ne donne pas cher de Marine Le Pen, gouailleuse populo au débit trop rapide de chroniqueuse de « la France aux français ». François Bayrou, ancien bègue dyslexique et indécrottable paysan ennuyeux (alors que les paysans ne sont pas ennuyeux, eux, mais ils ne rêvent pas de devenir président de la République !) est pathétique et n’arrive pas à faire passer son programme à travers sa morve linéaire. Il y en a d’autres, qu’ils me pardonnent de ne pas leur accorder d’attention. Soit ils ne sont pas encore réellement déclarés (Borloo, et son ton de bateleur de foire amusé et trop joyeux pour être crédible – et honnête -), soit ils prennent leur rêves pour une réalité que nous ne leur accorderons pas.

Et si je vous avouais que ma voix est chaleureuse, mon débit envoutant et ma prose convaincante ! Bigre, je devrais faire de la politique. Mais, n’en déplaise à monsieur Sommer, la voix ne fait pas tout. Cela pourrait faire l’objet d’un prochain billet : quels (qui) sont les facteurs qui sonnent deux fois à la porte des présidents de la République élus ?

Philippe Szykulla
Philippe Szykulla
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